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Des perquisitions sont en cours, mardi 5 novembre, dans les bureaux de la Ligue de football professionnel (LFP) et dans ceux du fonds d’investissement CVC, ont appris Le Monde et l’Agence France-Presse (AFP), confirmant une information de L’Equipe.
Une autre perquisition a eu lieu au domicile de Vincent Labrune, le président de la LFP, réélu pour un second mandat à la tête de l’instance en septembre dernier, à Saint-Rémy-de-Provence, a révélé l’AFP, informée par une autre source. Sollicités, ni Christophe Ingrain, l’avocat de la LFP, ni Sébastien Schapira, celui de Vincent Labrune, ni enfin les conseils de CVC Capital Partners n’ont souhaité s’exprimer.
Ces perquisitions s’inscrivent dans le cadre d’une enquête du Parquet national financier (PNF), sur des soupçons de détournement de fonds publics, de corruption active et passive d’agent public et de prise illégale d’intérêts. Cette procédure fait suite à une plainte adressée en novembre 2023, par l’association AC !! Anti-Corruption, qui évoque en particulier des faits de détournement de fonds publics survenus en 2022 lors de la création de la société commerciale de la LFP.
Cette société a été créée après une cession partielle de capital au fonds d’investissement luxembourgeois CVC Capital Partners. L’accord conclu en avril 2022 par la LFP avec le fonds CVC doit rapporter 1,5 milliard d’euros au football professionnel français, contre 13,04 % de ses revenus à vie pour CVC.
Au moment de la signature, cet accord devait sortir de l’ornière le football professionnel français, exsangue après l’épidémie de Covid-19 et la défaillance économique en France du groupe audiovisuel sino-espagnol Mediapro, éphémère détenteur des droits TV de la Ligue 1.
Si aucun service n’avait été saisi au lancement de l’enquête, les investigations, confiées le 16 juillet à la section de recherches de Paris, doivent éclaircir les conditions de cet accord et en particulier le rôle des divers protagonistes. La LFP, qui avait prévu mardi matin un briefing média pour présenter sa campagne en faveur du Bleuet de France, a annulé la réunion.
La Ligue de football professionnel affirme « coopérer avec la justice pour apporter tous les éléments nécessaires à l’enquête en cours, en toute transparence », a-t-elle expliqué mardi en fin d’après midi. « Les actes d’enquête qui se déroulent dans la plus grande sérénité confirmeront que l’action menée par la Ligue a toujours été guidée par un engagement profond envers le football français, dans le plein respect des règles en vigueur », a encore affirmé l’instance dans un communiqué mardi après-midi.
Les enquêteurs du PNF ne sont pas les seuls à s’intéresser à la création de la société commerciale de la LFP et à l’accord conclu avec CVC. La société commerciale avait aussi intéressé les parlementaires, qui lui destinaient en avril une commission d’enquête au Sénat. Ils ont toutefois revu le périmètre de leurs propres investigations pour ne pas empiéter sur le travail du PNF. Les sénateurs s’intéressent, d’une manière plus globale, à l’intervention des fonds d’investissement dans le football professionnel français.
Après plus d’une soixantaine d’auditions d’acteurs du football français et un contrôle effectué jusque dans les locaux de la LFP, les sénateurs Laurent Lafon, président de cette commission, et Michel Savin, rapporteur, ont rendu le 30 octobre un rapport de 130 pages, au vitriol, prônant des réformes drastiques dans la répartition des revenus entre clubs ou le salaire des dirigeants.
Ciblant particulièrement le contrat liant la Ligue à CVC, les deux sénateurs préconisent, pour éviter les conflits d’intérêts et renforcer le contrôle démocratique de ces contrats, d’« opérer une distinction nette entre les activités des ligues professionnelles et celles de leurs sociétés commerciales en séparant clairement la Ligue de sa filiale ».
Le Monde avec AFP
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